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L’année 2026 aurait pu être synonyme de coup d’arrêt pour la politique cyclable française. Alors que le financement dédié au vélo avait perdu en visibilité et en cohérence depuis trois ans, un rebondissement inattendu change le scénario : le Sénat a finalement confirmé 50 millions d’euros pour soutenir les projets vélo l’an prochain.
Mais cette victoire s’accompagne d’un revers : le bonus pour l’achat d’un vélo électrique et l’aide pour les vélos cargo professionnels sont définitivement écartés, malgré leur rôle majeur dans la démocratisation de la mobilité douce.
Un plan vélo en dents de scie depuis 2023
Depuis trois ans, la stratégie nationale en faveur du vélo alterne accélérations et reculs.
Le plan vélo de 2023 avait fixé une ambition forte : 250 millions d’euros par an pour transformer durablement les déplacements.
Mais dès 2024, ce budget a été supprimé, avant d’être relancé partiellement en 2025 avec 50 millions accordés par François Bayrou.
En 2026, la situation semblait repartir dans le bon sens : un amendement voté à l’Assemblée proposait 100 millions d’euros pour les mobilités actives.
Mais le rejet du Projet de Loi de Finances en novembre a tout remis en cause, jusqu'à son retour au Sénat.
C’est là que tout s’est joué.

50 millions d’euros sauvés dans un vote serré
L’amendement n°II-1419, porté par le sénateur Hervé Gillé, a permis d’éviter le pire.
Il inscrit 50 millions d’euros dans l’article 49 du budget 2026, maintenant une base financière indispensable pour soutenir les aménagements cyclables.
Lors du vote, la proposition a été adoptée de justesse, malgré les avis défavorables du gouvernement – y compris celui du ministre chargé de la Transition écologique, Mathieu Lefèvre, qui estimait que le financement des mobilités devait être davantage porté par les collectivités.
Le sénateur Gillé a rappelé l’importance de maintenir une trajectoire stable pour le secteur, dénonçant les « stop and go néfastes » qui fragilisent les entreprises du vélo et compromettent les investissements à long terme.
Il souligne également un enjeu majeur :
« Le dernier kilomètre est essentiel. Sans une intermodalité efficace, même les meilleures infrastructures perdent leur utilité. »
Le texte doit encore être voté définitivement mi-décembre, puis promulgué avant le 31 décembre 2025 pour entrer en vigueur.
Bonne nouvelle : ces 50 millions ne sont présentés que comme un minimum susceptible d’être augmenté dans les années suivantes.
Bonus vélo 2026 : définitivement abandonné
Aide cargo professionnel : rejetée elle aussi
Si le budget global survit, deux dispositifs d’aide particulièrement attendus ne verront pas le jour :
1) Le bonus vélo électrique
L’amendement n°II-1420, qui proposait de rétablir l’aide nationale supprimée en février 2025, n’a pas été retenu.
Plus aucune aide de l’État ne soutiendra donc l’achat d’un VAE en 2026.
2) L’aide pour les vélos cargo professionnels
L’amendement n°II-1504, défendu par le sénateur Olivier Jacquin, a connu le même sort.
Il visait à financer à hauteur de 15 millions d’euros les vélos cargo destinés aux artisans, livreurs, entreprises ou associations.
Ces refus pourraient ralentir l’adoption de véhicules utilitaires à assistance électrique, pourtant essentiels au développement de la logistique décarbonée dans les centres-villes.
Quelles conséquences concrètes pour la mobilité douce en 2026 ?
Le maintien du fonds vélo national permet de soutenir :
• la création de nouvelles pistes cyclables
• l’amélioration des continuités de réseau
• des projets d’intermodalité autour des gares
• les infrastructures de stationnement sécurisé
En revanche, l'absence de bonus vélo et de soutien aux cargos va :
• réduire l’accessibilité financière des VAE
• freiner la transition des professionnels vers des solutions zéro-émission
• ralentir le basculement des ménages vers des mobilités moins carbonées
• ralentir la croissance d’un secteur industriel encore fragile
La France conserve donc une stratégie vélo… mais moins ambitieuse que prévu, surtout comparée aux objectifs du plan vélo 2023-2027.
Une dynamique qui pourrait tout de même repartir
Même si le budget est loin des 250 millions annuels initialement promis, plusieurs signaux restent encourageants :
• le Sénat reconnaît qu’un financement stable est indispensable
• la somme inscrite pour 2026 pourrait être progressivement augmentée
• les collectivités multiplient localement les aides et les aménagements
• la demande des Français pour les mobilités douces reste élevée
Le plan vélo 2026 apparaît donc comme un compromis : une base de financement sauvegardée, mais des ambitions revues à la baisse.
FAQ
Le plan vélo 2026 est-il financé ?
Oui, une enveloppe de 50 millions d’euros est rétablie.
Le bonus vélo fait-il son retour ?
Non, il ne sera pas reconduit en 2026.
Une aide pour les vélos cargo professionnels est-elle prévue ?
Non, la proposition a été rejetée.
Ce budget pourra-t-il augmenter ?
Oui, les sénateurs évoquent la possibilité de réévaluer ce montant dans les prochaines années.
Les collectivités continueront elles à être financées ?
Oui, le Fonds Mobilités Actives reste alimenté et permettra de soutenir les projets cyclables locaux.

